Dégustation à l’improviste en Touraine

Cette sortie, je l’ai faite sans Mathieu. J’ai laissé Paris le temps d’un week-end pour une cousinade, dont le thème était « sur les traces de nos ancêtres ». Une de mes cousines a réalisé un travail de recherche généalogique qui nous a conduits en Touraine, près de Châtellerault, pour un pèlerinage sur les terres de nos anciens.  

À l’occasion de ce week-end à thématique familiale, mais aussi culturelle [1] et nature [2], la troupe de joyeux lurons que nous étions, avons décidé de visiter une cave et d’opérer une dégustation de vins natures. Arrivés au domaine de la Garrelière, dans le village de Razines, nous avons demandé à voir son propriétaire, Monsieur François Plouzeau. D’abord surpris de nous voir débarquer sans prévenir, Monsieur Plouzeau a souri, puis nous a invités à entrer dans la grande salle de dégustation où une bouteille de chaque cuvée était exposée.

Monsieur Plouzeau produit des rouges, des blancs, des rosés et des pétillants, tous issus de l’agriculture biologique ou de la biodynamie. Ses vins sont presque naturels, en ce qu’ils sont – en plus d’être bios – vendangés à la main, ne contiennent aucun « intrant » [3] et la vinification est faite de manière naturelle [4].

Chez les puristes en vin nature, il n’y a aucun soufre ajouté, ou plus précisément aucun sulfite. Monsieur Plouzeau en ajoute en toute petite quantité, au moment de la mise en bouteille, « pour éviter l’oxydation ». Parce que, pour le vin, « c’est un traumatisme, la mise en bouteille », nous explique-t-il.

Le passage en bio et biodynamie, il l’a opéré en 1993, huit ans après avoir repris le domaine, à la suite de son père qui l’avait fondé en 1976. Très vite, François Plouzeau a vu « les limites du conventionnel ». Aujourd’hui, son vin est cultivé sur 20 hectares et bénéficie de l’appellation Vin de Touraine

Il nous présente quatre blancs, trois rouges, un rosé et un pétillant. Attirés par le nom de l’un d’entre eux, nous décidons de le goûter : Le Blanc de la mariée est un sauvignon 100% (mono-cépage, 2016) rafraîchissant et léger. On sent bien le terroir argilo-calcaire dont il est issu. Mais pourquoi ce nom étrange ? Monsieur Pluzeau sourit : « Ma future épouse et moi avions déposé une liste de mariage chez un pépiniériste. Avec les sous, on s’est offert notre première vigne. C’est devenu le blanc de la mariée ». (Aujourd’hui, le pied de vigne n’est plus d’origine).

Nous poursuivons la dégustation avec un autre blanc : le Chenin de la colline (100% chenin, 2017). Des notes de fruits exotiques et d’abricot viennent titiller la langue et le palais. « Sa colline », une butte argilo-calcaire, exposée plein Sud, le vigneron en est fier. Là-haut, il est tranquille.    

En rouge, nous goûtons le Gamay sans tralala (100% gamay, 2017), non filtré et sans ajout de soufre. Un vin léger, parfait pour les beaux jours ! On sent bien les petits fruits rouges, le poivre noir, et, en même temps, quelque chose de minéral (sans doute encore l’argilo-calcaire) et de frais !   

On termine par un cabernet franc, que Monsieur Plouzeau souhaite nous faire découvrir : Cinabre (en monocépage également, 2016). Là, ce sont des notes d’épices et de fruits noirs qui viennent caresser nos papilles. C’est un délice !

J’ai choisi de rentrer à Paris avec 3 bouteilles (un blanc : le chenin, et deux rouges : le cabernet franc et le gamay). Je vais les faire découvrir à mon amoureux et, je l’espère, lui donner envie de retourner avec moi en Touraine pour partager ces émotions et rencontrer d’autres vignerons et d’autres vins.


[1] On recommande :

  • l’Abbaye Royale de Fontevraud, classée au patrimoine mondial de l’Unesco. Située à 16 km de Saumur, elle est l’une des plus vastes cités monastiques héritées du Moyen Âge. Nécropole de la dynastie des Plantagenêt, elle abrite notamment les gisants de la remarquable Aliénor d’Aquitaine et de son fils Richard Cœur de Lion ;
  • la découverte de Châtellerault à travers deux circuits proposés par l’Office du Tourisme (on suit le tracé et les numéros) ;
  • la visite de Richelieu, la cité quadratique du Cardinal, fondée sur un plan en damier.

[2] On a aimé :

  • la petite promenade digestive et la sieste au bord du lac de la Forêt à Châtellerault ; 
  • les footings matinaux à Braslou et ses environs.

[3] Un intrant, c’est un produit utilisé au moment de la vinification pour modifier le goût, la texture du vin, pour l’améliorer (sucre, acides, tannins, gomme arabique et autres substances moins inoffensives).

[4] Avec la vinification naturelle, aucun procédé technique (flash pasteurisation, filtration tangentielle…) pouvant modifier la structure du raisin n’est employé.

4 commentaires sur “Dégustation à l’improviste en Touraine”

    1. Merci Marie! Oui article envoyé à Monsieur Plouzeau. Sa femme – la mariée du blanc 😉 – nous a répondu. Bises

  1. Merci Cécile de me guider dans cette découverte des vins nature. Nous avons goûté le « gamay sans tralala » : super ! Au plaisir de poursuivre les dégustations (et les balades entre les domaines), en Touraine et ailleurs.

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