Le Sentier des Névés

Après le fameux lever de soleil et un bon petit déjeuner, nous quittons le Schallern et repartons à l’assaut du Hohneck, en passant par l’ancienne station de ski du Gaschney. Nous nous engageons ensuite sur le Sentier des Névés, qui relie le Hohneck au Kastelberg.

On les voit !

Cette portion du « tour de La Bresse » est magique. Le sentier qui chemine sur les crêtes est relativement facile (faible dénivelé, peu de cailloux) et cela nous laisse tout le loisir de lever la tête pour profiter du magnifique paysage et des couleurs printanières. Nous randonnons au milieu des « hautes chaumes », landes et pelouses spécifiques qui coiffent les sommets des Hautes-Vosges.

À quelques mètres sur notre gauche, les névés se succèdent. Ce sont des accumulations de neige sur les corniches qui se forment pendant l’hiver avec le vent. Ils peuvent perdurer jusqu’au mois de juillet. Plus loin, un splendide panorama sur les Vosges, avec le Ballon d’Alsace reconnaissable à son « téton ».

« On les voit ! on les voit ! », s’écrit joyeusement Cécile. « Quoi, des chamois ? ». « Tout en haut » et elle pointe du doigt la ligne des montagnes à l’horizon. Derrière les Vosges, derrière la Forêt-Noire, on peut apercevoir les Alpes bernoises avec plusieurs sommets à plus de 4 000 mètres, enneigés. Nous faisons une pause de quelques minutes pour profiter du spectacle.

Nous arrivons à la ferme-auberge du Kasterlberg vers midi. Le lieu est animé. Les familles en balade et les groupes de randonneurs investissent les tables du restaurant et celles dédiées au « repas tiré du sac ». Nous poursuivons notre chemin. Notre objectif est visible : l’église de Mittlach, toute blanche, en contrebas. 

Les grumes

En quelques kilomètres, nous avalons 700 mètres de dénivelé négatif. Le chemin serpente désormais en forêt. Nous empruntons un bout de piste forestière et nous dépassons plusieurs « places de dépôts », ces zones où sont stockés temporairement les troncs d’arbres abattus et découpés (que l’on appelle des « grumes »). Cela nous rappelle que Mittlach est à l’origine un village de bûcherons venus du Tyrol, de la Forêt-Noire, de la Suisse et même d’Italie.

Nous faisons une pause bien méritée au Valneige, le seul hôtel restaurant du village, très prisé. Cécile opte pour une Flammekueche et je choisis le burger maison (galette de pommes de terre, steack haché, barikass à l’ail des ours – un fromage vosgien). Les deux plats sont délicieux.

Sur le chemin du retour vers Metzeral nous nous arrêtons quelques instants au pied de la Nécropole Nationale du Chêne Millet. 2 632 corps sont réunis dans ce cimetière militaire, essentiellement des chasseurs alpins français. En effet, les Hautes-Vosges furent le théâtre d’âpres combats durant la Première Guerre Mondiale.

Frédéric Hartmann

La nécropole tient son nom du peintre Jean-François Millet (1814-1875). En 1868, il est reçu à Munster par Frédéric Hartmann, industriel local bien connu qui lui a commandé une série de toiles représentant les quatre saisons. Le peintre aimait parait-il se promener près d’un groupe de chênes tout proche et en aurait même fait un croquis.

Nous arrivons rapidement en gare de Metzeral et nous montons dans le TER qui va nous conduire à Colmar. Cette ligne de chemin de fer vient de fêter ses 150 ans. Elle a vu le jour en 1868 grâce aux efforts… du manufacturier Hartmann. Alors Maire de Munster, il est la cheville ouvrière du projet d’ouverture de la « traversée médiane des Vosges » afin de désenclaver la vallée, desservir les usines textiles et les papeteries.

Metzeral-Colmar. Colmar-Strasbourg. La chaleur y est étouffante. L’été aussi est venu passer son week-end en Alsace. Nous rentrons à Paris, en rêvant d’une bonne douche fraîche et de nouvelles aventures sur les douces montagnes vosgiennes.

Notre ombre se projette sur le sentier souple des Névés
Les Vosges et le ciel
Au loin, les sommets enneigés des Alpes bernoises
Quelques fleurs
Des vaches paissent à proximité de la ferme-auberge du Kastelberg
La descente vers Mittlach : le chemin disparait dans la forêt
La Nécropole Nationale du Chêne Millet
Jean-François Millet. Le Printemps (1868-1873), huile sur toile. Paris, musée d’Orsay